Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 18:21

La croissance économique, l'évolution démographique et leurs consquences sociales et culturelles

 

 

De 1945 à nos jours la population mondiale a fortement augmenté et a connu une élévation générale de son niveau de vie, principalement dans les pays industrialisés.

 

Quelles sont les conséquences sociales et culturelles de cet enrichissmeent extraordinaire et des évolutions démographique?

 

De 1945  à 1973: les "Trente glorieuses":

 

 

Définition: Trente Glorieuses : expression inventée par l'économiste français Jean Fourastié en 1979 pour désigner les trente années (approximativement 1945-1975) de forte croissance économique, de plein emploi et d'essor de la consommation. Cette expression fait référence aux " Trois Glorieuses ", les trois journées révolutionnaires des 27, 28, 29 juillet 1830.

 

Pendant cette période, la croissance économique est exceptionnelle. Les sociétés se transforment durablement, la consommation augmente fortement avec l'apparition de nouveaux produits, la consommation devient progressivement une consommation de masse. Consommer devient un phénomène social

La publicité vante les mérites des nouveaux biens de consommation et le crédit permet à une large part de la population de profiter de ces transformations. De plus, la baisse du temps de travail, l'amélioration du niveau de vie, le développement des moyens de transport et de communication et le plein emploi favorisent une société des loisirs.

 

Je vous propose des chansons, publicités ou autre qui illustrent cette période des Trente glorieuses

 

Commençons par la complainte du progrès de Boris Vian ,1955. Elle a d'abord été intitulée " Les arts ménagés ", du nom du salon qui se tenait tous les ans à Paris, au Grand Palais.

Cette chanson critique la société de consommation et ses dérives. De nouveaux objets apparaissent dans les maisons, parfois utiles parfois non (comme c'est étrange, il ne nous viendrait pas à l'idée d'acheter des choses inutiles aujourd'hui!!! :o))

 

Paroles:

Autrefois pour faire sa cour
On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son coeur
Aujourd'hui, c'est plus pareil
Ça change, ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l'oreille
(Ah? Gudule!)

(Refrain 1:)
Viens m'embrasser
Et je te donnerai
Un frigidaire
Un joli scooter
Un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
Avec un four en verre
Des tas de couverts
Et des pell' à gâteaux

Une tourniquette
Pour fair' la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour bouffer les odeurs

Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux

Autrefois s'il arrivait
Que l'on se querelle
L'air lugubre on s'en allait
En laissant la vaisselle
Aujourd'hui, que voulez-vous
La vie est si chère
On dit: rentre chez ta mère
Et l'on se garde tout
(Ah! Gudule)

(Refrain 2:)
Excuse-toi
Ou je reprends tout ça.
Mon frigidaire
Mon armoire à cuillères
Mon évier en fer
Et mon poêl' à mazout
Mon cire-godasses
Mon repasse-limaces
Mon tabouret à glace
Et mon chasse-filous

La tourniquette
A faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures
Et le coupe-friture

Et si la belle
Se montre encore rebelles
On la fiche dehors
Pour confier son sort

(Coda:)
Au frigidaire
À l'efface-poussière
À la cuisinière
Au lit qu'est toujours fait
Au chauffe-savates
Au canon à patates
À l'éventre-tomates
À l'écorche-poulet

Mais très très vite
On reçoit la visite
D'une tendre petite
Qui vous offre son coeur

Alors on cède
Car il faut bien qu'on s'entraide
Et l'on vit comme ça
Jusqu'à la prochaine fois

 

 

Pourtant quand Boris Vian écrit le texte de cette chanson la consommation n'en est qu'à ses débuts: En 1956, 14% seulement des logements des Français disposent d'une douche ou d'une baignoire, 1% d'entre eux sont équipé d'un téléviseur...On est encore loin de ce qu'il pressent dans la chanson!

 

Publicité pour Moulinex en 1959

 

 

Cette pub illustre bien la société de consommation des Trente glorieuses!

 

En voici une excellente analyse d'E. Grange

 

Les publicitaires nous offrent une scène de ménage heureux. Dans une cuisine, où une ménagère est toute à sa préparation culinaire, arrive un homme au complet rayé. Il rentre du bureau et se glisse derrière sa belle et tendre pour lui offrir un cadeau. Cette femme est le stéréotype de la cuisinière modèle : tablier ajusté, cuisine étincelante, plats mitonnés avec amour.

Aux anges, elle semble dire à son mari : “Mais quelle merveille m’as tu encore apporté ? J’apprends tout juste à utiliser le merveilleux robot-charlotte et tu me couvres encore de cadeaux !“. Les mains jointes en signe de rêve exaucé, elle est sûre que son cher mari a pensé à la dernière nouveauté de chez Moulinex : le batteur électrique qui lui allégera bien la tâche pour monter ses œufs en neige…

Le mari a le beau rôle : il travaille et assure le bien être de sa petite famille. En 1959, les indicateurs (PIB, PNB) sont au vert et il peut compter sur une promotion professionnelle (le costume) et sociale (une belle résidence, les cadeaux). Généreux, il n’en reste pas moins intéressé dans ses offrandes puisque son regard oblique clairement vers les tomates farcies. Son regard approbateur montre que la cuisine de sa compagne le met en appétit. Il continuera à l’équiper pour leur plus grand plaisir car comme le dit le slogan :

“Pour elle, un Moulinex

Pour lui, des bons petits plats”

Cette publicité offre une vision assez machiste (l’homme travaille, la femme cuisine) d’un couple de Français. On y voit clairement que l’achat fait le bonheur dans une société de consommation.  Dans une époque où le portefeuille devient une arme de séduction massive, le chansonnier Boris Vian écrit la “complainte du progrès (les arts ménagers)”, une satire pétillante de la consommation de masse:“Autrefois pour faire sa cour, on parlait d’amour…Aujourd’hui, c’est plus pareil, ça change, ça change. Pour séduire le cher ange, on lui glisse à l’oreille : Oh Gudule, viens m’embrasser et je te donnerai un frigidaire, un joli scooter…et une tourniquette pour faire la vinaigrette…”

 

 

 

Eddy Mitchell, "A crédit et en stéréo", 1974 sur l'album Rocking In Nashville

 

Paroles:

J'ai trouvé l'air conditionné
Dans l'automobile que j'ai louée.
La ceinture de sécurité
Est en prime on me l'a donnée.
J'ai fait installer la radio
A crédit et en stéréo.

J'ai un nouveau téléviseur
Avec les trois chaînes en couleur
Radio, réfrigérateur
Qui peut aussi me donner l'heure.
Ma vie se résume en ces mots :
A crédit et en stéréo.

Tous mes impôts sont prélevés
Sur mon compte bancaire si léger.
Il reste alors dans mon chéquier
Des chèques en bois de peuplier.
Ils sont dépensés aussitôt
En crédit et en stéréo.

Pourtant un jour j'ai essayé
De mettre de l'argent de côté.
Sur la vie je me suis assuré,
Mais mes quittances sont impayées :
Tant pis je vais mourir idiot
A crédit mais en stéréo.

 

 

Publicité de 1968 (qui passait au cinéma) pour une banque.

Admirez, ha c'est beau la façon dont on voyait la modernité à l'apoque :o)

 

 
Une autre des années 60 pour Totale, juste pour la plaisir!
pub des années 70 pour le grand magasin parisien la Samaritaine

De 1973 à nos jours: le temps des crises.

 

L'année 1973 et le 1er choc pétrolier marque un brusque ralentissment de la croissance.

Le prix du pétrole augmente, les coûts de production augmentent et provoquent une inflation (une augmentation des prix). Les entreprises sommecent à délocaliser pour faire face à la concurrence, ce qui provoque des licenciements et la hausse du chômage.

Les enfants du Baby-Boom sont touchés de plien fouet par ces crises.

Dans le même temps les années 70 marquent de grandes transformations dans les paysages urbains, des immeubles remplacent des jardins, les périphéries des villes se couvrent de centres commerciaux etc.

 

On retrouve ce malaise dans les chansons des années 70 et 80 et le besoin d'une sorte de retour à "avant", une sorte de nostalgie, que l'on retrouve aussi dans les chansons:

 

Commençons par Eddy Mitchell, Il ne rentre pas ce soir, 1978

Chanson magnifique qui raconte la "tombée" dans le chômage d'un cadre supérieur, la dépression qui s'en suit et le suicide . Cette chanson montre que personne n'est à l'abri elle représente bien la peur diffuse de la crise des années 80.

 

 

Paroles:

Il écrase sa cigarette
Puis repousse le cendrier,
Se dirige vers les toilettes,
La démarche mal assurée.
Il revient régler ses bières,
Le sandwich et son café.
Il ne rentre pas ce soir.

Le grand chef du personnel
L'a convoqué à midi :
"J'ai une mauvaise nouvelle.
Vous finissez vendredi.
Une multinationale
S'est offert notre société.
Vous êtes dépassé
Et, du fait, vous êtes remercié."
Il n'y a plus d'espoir, plus d'espoir.
Il ne rentre pas ce soir.
Il s'en va de bar en bar.
Il n'y a plus d'espoir, plus d'espoir.
Il ne rentre pas ce soir.

Il se décide à traîner
Car il a peur d'annoncer
A sa femme et son banquier
La sinistre vérité.
Etre chômeur à son âge,
C'est pire qu'un mari trompé.
Il ne rentre pas ce soir.

Fini le golf et le bridge
Les vacances à St Tropez,
L'éducation des enfants
Dans la grande école privée.
I1 pleure sur lui, se prend
Pour un travailleur immigré.
Il se sent dépassé
Et, du fait, il est remercié.
Il n'a plus d'espoir, plus d'espoir.
Il ne rentre pas ce soir.
Il s'en va de bar en bar.
Il n'a plus d'espoir, plus d'espoir.
Il ne rentre pas ce soir.
suite de l'article à venir..........revenez-y!!

 

Partager cet article
Repost0

commentaires